Les cavaliers du Burkina

Si vous venez au Burkina, il n’est pas rare de rencontrer un cavalier arpentant les rues. Le cheval, emblème du Burkina, a une relation très étroite avec ce pays.

Ce lien est né de l’épopée légendaire de la princesse Yennenga et d’un prince Malinké en exil. Yennenga signifie “la mince, l’élancée”, elle est la fondatrice du royaume Moogo rassemblant les peuples Mossis dans l’actuel Burkina Faso. Elle est la fille du roi Nedega, roi autoritaire et juste qui régnait sur les peuples Dagomb. La princesse était passionnée par les chevaux, mais désespérait de ne pas pouvoir monter comme le faisaient les hommes.
Rebelle et téméraire, elle convainc son père de lui donner l’autorisation de chevaucher à ses côtés et devint une guerrière féroce. Suite à un conflit avec son père, ce dernier la jetta en prison, cependant la princesse parvint à s’évader et s’enfuit sur sa monture favorite, un étalon blanc. Lors de sa fuite, elle rencontra le prince Malinké, dont elle tomba éperdument amoureuse. De leur union naquit le prince Ouedraogo qui signifie “étalon” ou “cheval mâle”. Aujourd’hui ce patronyme est l’un des plus répandus au Burkina Faso, et l’étalon blanc sur lequel s’est enfuie la princesse est aujourdhui l’emblème nationale du pays.

Aujourd’hui ce ne sont que quelques familles aisées qui possèdent des chevaux en ville, les jeunes cavaliers se déplacent dans les rues et se mêlent à la circulation frénétique de la capitale. Se donnant rendez-vous devant un bar ou une boite de nuit, ils se retrouvent à des cérémonies ou des spectacles. Ils permettent à tous de se remémorer le culte équestre de la noblesse et de la beauté.  Il est courant également de croiser des chevaux se promenant en liberté, ils s’arrêtent parfois devant les maisons simplement pour paître, ils sont les rois de la ville. 

Philippe Bordas et un photographe qui a réalisé une série de clichés mettant en valeur les cavaliers Mossis. « J’accompagnais [l’artiste] Tiken Jah Fakoly, dont j’étais le photographe pour un concert à Ouagadougou. Des cavaliers sont venus à l’aéroport et nous ont escortés à travers la ville. Ils étaient très impressionnants, et cela a attiré ma curiosité. »

À travers cette collection de photographies, il nous permet de nous plonger dans la relation étroite qu’ont les Ouagalais avec l’animal majestueux qu’est le cheval. 

© Philippe Bordas